jeudi 24 février 2011

155 à 162

Un vent glacial et la pluie ont déposés sur notre palier un troupeau de Dijonnais pleins d'énergie, d'appareils photo et d'envie d'ailleurs. Dans leurs bagages du comté et du saucisson.
Ils sont de mauvais touristes, tout ce qu'ils ont trouvé à acheter à Sulthanamet ce sont des boxers et chaussettes pour Thibault, et des boutons pour Margot et Elsa.

Ce week-end c'était le mariage. Un clavieriste-chanteur, un batteur fatigué, des tables blanches avec des paillettes, des tonnes de maquillage, l'eau il fallait l'acheter, Céline Dion dans les oreilles ou de la musique traditionnelle turques version éléctronique.

J'ai joué le jeu du passage obligé chez le coiffeur maquilleur, comme toutes les autres filles qui payent des sommes monstrueuses pour se mettre des faux cheveux et faux cils, pour ne rester parfois qu'une heure, sans aucun plaisir apparent.


Il y a une danse réservée aux hommes, seul moment de grâce à mes yeux; ils tournent sur eux même, se tiennent en cercle par les épaules. Les filles dont les pieds les démangent trop les rejoignent, mais ça ne fait pas le même effet.

Dimanche à Silivri, retour en bus, l'arrêt est au bord de l'autoroute, il faut attraper le bus au passage comme dans un film d'action.



Istanbul sous la pluie, ou la trêve avant les touristes printaniers. Les rues de Sulthanamet sont vides.

A besiktas, il y a un parc a traverser avant d'escalader trois fabuleuses volées d'escaliers jusqu'à la maison. Dans le parc il y a cinq chiens.
Un Gros qui se gratte l'oreille et qui reste à nos côtés, en grognant sur les autres passant qui s'approchent trop près.
Un qui ressemble comme deux gouttes de pluie aux chiens de bergers Turques, magnifique et puissant. Il galope devant tout le monde et après les voitures en hurlant, et prend encore plus son pied quand c'est des motos qui passent.
Un autre à un regard de chat, il est gris et cours comme un dératé, les autres suivent le mouvement.

Ils nous raccompagnent chaque soir du parc jusqu'à la maison.

A Pera une exposition; Frida Khalo et Diego Rivera, puis la Russie pré communiste. La deuxième partie était vraiment chouette.

A Kadiköy Oyro à rencontré un monsieur qui leur a vendu à lui Kazim et Ilker trois sacs immenses remplis de fringues et de chaussures pour dix euros, ça fera l'affaire pour le tournage du film post-apocalyptique de Kazim.

Oyro organise tous les dimanches une marche, puis un pic-nic autour de jeux de cartes à Kadiköy. Il en a marre de voir que les gens ne se rassemblent que pour gueuler.

Steph m'a ramené trois livres de Murakami Ryû, ces livres font faire des cauchemars mais ont un étrange pouvoir addictif. Je suis presque à la fin du premier: "la guerre commence au-delà de la mer"...
Ma question est la suivant : De quel côté?








mercredi 16 février 2011

154

Le creux de ma main gauche est ocre.

Lever sept heure, un froid de mouette, direction la fac pour un premier cours de sérigraphie. Après avoir errer une heure parmis des bouquins d'art le prof me répétant cinquante fois que si je veux je suis pas obligée de rester, je peux partir, on commence la semaine prochaine. Ilker me téléphone, il neige à Yeditepe, dans les montagnes d'Istanbul.

Ok je m'en vais, pour Kadiköy. Un petit détour par Moda, la rue face à la mer, avec les arbres au bord. Deux vieux, deux bières, un banc; des échecs en silence.
Les oiseaux en grand meeting, étourneaux moineaux font un concert éclatant dans les arbres, le soleil montre son nez.

Retour à Besiktas, le féerie se colle à un autre amarré pour que l'on rejoigne la terre ferme.

Müge fait des photos de ses Barbies, avec des mises en scènes dignes de Dallas, et m'apprend qu'une trompette "c'est quand on fait un exercice et que c'est faux."








Ce soir c'était kina, sans le point sur le i. Henné aurait-on dit en français. Dans la banlieue de la ville, dans un genre de petite salle de fête affreuse. Un femme de la famille d'Ilker se marie samedi, ce soir c'était juste une histoire de femme et de musique, surtout de danse. Seuls hommes autorisés : les musiciens et le cameraman. J'ai mis une heure à comprendre le rythme, les danses en groupe me rappellent les stage de danse Renaissance à l'école de musique d'Auxerre. (Oui j'ai fait ça un jour, j'avais treize ans et j'étais pleine d'innocence et de curiosité).
Il n'y a pas de nourriture, on s'assied tous autour de grandes tables. Dans la soirée des femmes passent avec des caisses en carton, pour donner à chacune un gâteau industriel et un petit jus de fruit. Le chanteur semble employé des lieux, comme le cameraman.






La mariée et ses plus proches ont changé cinq fois de robe en trois heure, après les paillettes rouges place à celle en pseudo-satin, puis une pleine de motifs compliqués et rétros, puis un costume traditionnel pour terminer en vraie beauté, et enfin la cérémonie du kina. Tout le monde chantait autour de la mariée qui avait un voile rouge lui couvrant le visage. Elle était par terre avec un plateau de bougie et de henné, je n'ai rien vu ni compris mais on à mit du henné dans le creux de ma main gauche, et aux autres filles aussi.

J'ai le creux de la main ocre.

mardi 15 février 2011

149 à 153

Vu par Kazim, des chiens prendre le métro tous les matins, pour aller manger des hot dogs que les gens jettent, effrayés par les chiens, puis prendre le métro retour.

Entendu par Ilker à l'école Pierre Loti, un petit garçon, 8ans à peine dire à une petite fille en turque: "et bien maintenant parlons un peu de la réalité".

Vu par Kazim, quand il avait douze ans, toutes les filles de l'école marchant main dans la main pendant des semaines après avoir regardé "Mulholland drive" en cour.

Entendu par Ilker "You are wonderful tonight" d'Eric Clapton pendant trois ans, tous les vendredi en cour d'anglais. Faites le compte...



Bahar Sarah qui danse avec Baba Zula, à Babylon. Il y a deux autres danseuses, l'une est pailletée et l'autre ouvre la bouche trop grand trop souvent. Bahar ressemble à un lionceau, puis à un serpent, puis dans sa robe digne du seigneur des anneaux version Merlin l'Enchanteur elle tente d'entrer en transe en faisant du "hair bang" dans le coin de la scène. Tout le monde à les yeux rivés sur elle, la transparence des autres tenues des autres n'ont plus aucune prise, sa puissance extraordinaire captive.

Le rythme dont je ne me souviens plus du nom m'aura retourné, j'ai cru comprendre qu'on disais de ce rythme qu'il était celui du flux sanguins des habitants d'un bled de la mer noir. Seuls le tambour et le guitariste (c'est pas une guitare mais un baglama). Si ça se trouve je dis n'importe quoi encore une fois, je reconfirmerais ça dès que mon Mert de musicien montre son nez. ( Et son tee shirt qui brille dans le noir...)

Re week end à Silivri, barbecue dans le jardin, ballade immense dans les montagnes devant la mer. Il y a les ruines de quelques maisons à flanc de falaise, le sol se dérobe sous nos pied, mauvaise idée pour le lotissement. Il reste donc quelques murs qui de loin font très monument historique, et de près, gros raté de promoteur.



Rentrée à Isik, Jana me raconte qu'à Mimarsinan niveau organisation c'est encore pire. Elle doit trouver dans la fac les profs des cours qui l'intéressent pour leur demander si elle peut suivre leurs cours. Certains refusent, n'ayant pas envie d'avoir des erasmus dans leur classe.

En cours de céramique on bois des litres de thé en mangeant des simits.
J'ai toujours pour projet d'adopter la prof pour en faire ma grand mère, sa main parfois dans mon dos me bouleverse.

Müge, (parce qu'on l'écris comme ça en Turque), huit ans, enfile son manteau rose, avec sa robe rose et ses collants roses. Elle mets ses rollers roses, des genouillères et coudières roses, puis son casque rose. Elle m'emmène dans la cour jouer un remix de 'Raiponce', je joue le méchant père qui refuse qu'elle ai un amoureux.

Les vitres des voitures sont teintées, quand elles appartiennent à des filles surtout.

jeudi 10 février 2011

poisson de février

L'information semble erronée, je ne comprend pas encore bien la portée de cette loi mais il semble que cela ne concerne pas les sponsors d'enseigne mais de groupe, joie sur terre.

Je laisse donc ce "faux article", un peu d'action.

145 à 148

La loi est passée: toutes les enseignes sponsorisées par des marques de bières ou cigarettes sont désormais interdites aux moins de 24 ans. Je peux donc dire adieu à Babylon, la salle de concert qui acceuille ce soir Baba Zula avec Bahar (ma bien aimée prof de danse) , Pantha du Prince qui revenait juste pour le succès dingue de son dernier concert ici, puis hidden orchestra, sans citer tout ceux dont je ne veux même pas savoir le nom.

Par contre l'âge limite pour acheter un flingue est descendu, ce n'est plus 24 ans mais 18, à raison de cinq par individu (on est jamais trop sûr).

J'apprend donc avec suprise qu'un flingue est moins nocif qu'une éventuelle consommation de cigarette et d'alcool dans un lieu ayant de fortes chances pour être une simple salle de concert.

Et Henri dès quand il va venir, ils vont lui dire quoi "non désolé mon grand, le public pourra pas chanter avec vous ce soir ils conaissent pas les paroles ils sont trop vieux" ?

En vous écrivant ces lignes, deux membres de je ne sais quel parti ont sonné à la porte et m'ont gracieusement offert une petite boite avec du café et plein de paperasse digne des témoins de jéhovah, en me disant un truc du genre "c'est chouette de partager une tasse de café ensemble", je ne l'es ai pas fait entrer, j'ai eu le droit de garder le café; à ce rythme là c'est une crise cardiaque en fin de journée.

Photo prise par Ilker.

dimanche 6 février 2011

142 à 144


A travers les vitres et fenêtres.

Direction  Ağva pour un jour et demi, à l'est d'Istanbul. La mer noire.
Sur la route des montagnes, des villages d'éleveurs, des gitans, un monument de l'empire ottoman digne de star trek, à côté d'une tour téléphone prête à nous tuer d'ondes, des villages vidés de vacanciers encore, des hommes et des hommes, les femmes sont à la maison.
Les chiens dans les rues, au bord de la route, ou sur la route allongés pour profiter du soleil, dangeureux maîtres du bitume que les klaxons n'impressionent plus. Certains cadavres.


Le village est une presqu'ïle que la mer entoure.
Dans le village un restaurant, dont le toît est traversé trois fois par des arbres, leur tronc vis au chaud. Des poëles en fonte au milieux des bars, l'odeur de la fumée de bois jusque sur la plage.
Des oiseaux immenses et colorés, qui attendent sur les branches.
Les phares à l'entrée du port, miniscules et ridicules.
Des maisons de bois et cagettes au bord du bras de mer qui entoure le village, des pêcheurs les décorent et mettent des numéros aux portes.



Sur la route, le campus de ma fac, américain, tout les immeubles font face au montagne, il y a un champ avec des vaches au pied des premiers batiments, la mer juste derrière.

Un village vacance, entouré de mur imitant mal l'architecture ottomane, avec des tours comme celles des chateaux fort, au bord de l'autoroute, en face d'une station essence, les drapeaux de l'université de Yeditepe annonçent que le fondateur de celle-ci à financé cette pollution visuelle.
La Turquie, numéro un de la corruption, l'éducation est dans le même sac.
Ilker se faisait tabasser par ses profs et surveillants quand il était petit, il y a seulement vingt ans. Et tout le monde trouvait ça normal, prof comme élèves comme parents.

Jana est revenue, avec du jambon sec, des filtres à café et du fromage. Un diner de reine, demain rentrée pour nous deux, séparées cette fois.

jeudi 3 février 2011

134 à 141

http://www.blogotheque.net/Gevende

Le groupe du concert d'hier, je vous en conjure allez voir cette vidéo. Et si on me demande si c'est pas un peu chiant après deux chansons le language inventé et tout le tralala la réponse est négative.

Petite escapade à Silivri le week end dernier. Village de maison de bord de mer, vide en cette saison. Il faut des clés pour aller sur le chemin qui mène à la plage, des clé pour entrer sur la plage, sinon en été les gens se font insulter à longueur de journée. Les blocks sont des cages à lapins pour les moins fortunés qui veulent malgré tout profiter un peu de l'air marin, la pollution stambouliotte en moins.

Autour, à quelques kilomètres d'Istanbul à peine, des grappes de maisons toutes pareilles poussent comme des champignons au milieu de nulle part, inhabitées pour le moment. Certains quartiers ont des noms à la "palm beach", toutes des propriétés Américaines, cloturés surveillées, le paysage se compose d'usine et de centre commerciaux au bord de l'autoroute.

Quand un enfant nait on lui murmure trois fois sont nom.





Je suis allée chercher Muguet à son école, Pierre Loti. On dirai un paradis pour enfant; Ilker voulait tout brûler de jalousie en se rapellant son école bloc de béton. Dans le minibus scolaire sur le chemin du retour, les mômes hurlent et courent sur les sièges. Le conducteur hurle "Poliiis" quand les bleus montrent leur nez, ça calme la troupe une demi seconde puis l'hystérie reprend.

Lundi matin, tournage d'un clip de Fatih Erkoc, chanteur connu en manque d'argent. La chanson parle d'un amour oublié, l'équipe de tournage n'a rien trouvé de mieux qu'une fille de 18 ans pour jouer le rôle de la bien aimé, le chanteur était choqué, Ilker et Onur dégoutés, le reste excité...
Le lieu du tournage est à quelque kilomètre dans la direction d'Üsküdar, au bord de la mer. C'est une banque et un ensemble d'usines abandonnées, sumerbank kundura fabrikasi. L'endroit appartient désormais à un homme richissime qui débarque en hélico à 9 h du matin dans le gèle, et veut tout détruire pour en faire un village vacance. Nombreuses séries, films et pub ont déjà été tournés, j'ai marché pendant une heure pour prendre des photos, avec le soleil du matin glacé.





Mert est revenu, son voyage s'est achevé au Liban, il a fait demi tour pour un entretien d'embauche. Il veut apprendre le français parce qu'il trouve ça joli. Un des Australien est parti, la vache quel accent...